Dans le cadre du projet « Je dis qu’il faut être voyant » en partenariat avec l’École Supérieure d’Art des Pyrénées, l’exposition réunit les œuvres et travaux d’une dizaine d’étudiants et de deux performeuses. VISIO se consacre au phénomène de la vision dans une dialectique de la disparition de l’image et du regard, mais également dans un entre-deux de la perception et de la clairvoyance.
Les questions de mémoire, de transmission, de présence-absence sont au cœur du tra- vail de Marion Mounic. Les rapports entre le visible et l’invisible, l’apparition et la dispari- tion, tout comme les mécanismes de la vision traversent l’ensemble de ses oeuvres. Dans l’expérimentation des processus de la vision, l’aspect immatériel de la lumière et de la fumée l’intéressent tout particulièrement. Elle utilise aussi des objets trouvés dans ce qu’elle nomme des ‘‘mises en récit’’ de ses souvenirs, certaines réalisations s’inscrivant alors dans une quête de son histoire et de ses origines.
Propre cuisine présente une édition du Coran dans un bain d’huile. Par capilarité, l’huiles’in ltre à travers les pages les rendant translucides, les mots se mêlent et une nouvellelecture s’instaure. Cette pièce s’inspire de son séjour au Maroc : « J’ai cherché à com-prendre les in uences de certains gestes quotidiens. C’est par le biais de la cuisine quej’interroge cette ambiguïté, je crée une rencontre physique entre la tradition et la reli- gion. L’huile d’olive rend visible cette ambiguïté, elle sert de liant ; une véritable confu- sion se crée au sein du texte. »
Portraits est une série de visages qui apparaissent et disparaissent, tels des fantômes sur la surface blanche de la porcelaine, selon l‘endroit où l’on se place pour les voir.Macula questionne notre acuité visuelle. Il s’agit d’une installation que Marion a réali-sée sur trois vitres du centre d’art. Le lm dépoli utilisé recrée la vision altérée que l’ona lorsqu’on est atteint par la dégénérescence de la vision centrale. Seul le regard péri- phérique permet de se repérer dans l’espace. « Au-delà de la dimension visuelle, c’est à des expériences pluri-sensorielles que je tend » nous dit-elle. Au lieu de distordre le réel, Marion Mounic l’affaiblit, proposant ainsi une nouvelle perception des choses.
Vision, grande photographie en noir et blanc collée au mur, pose la question de l’ap- pareil photographique qui se substitue au regard. Une puissante trainée lumineuse de phares de voiture compose l’image effaçant le véhicule émetteur. « La vision altérée – voire aveugle – du regardeur, le conduit dans le lieu d’une alternance entre caché et montré, où la perception devient ambivalente. Dans ce monde alternartif, le spectateurest confronté à des phénomènes dif cilement saisissables. Comme si le fait de voir était irrémédiablement lié à l’opacité et à ce qui occulte ou modi e la vue. »
Marion Mounic est née en 1992. Elle vient d’obtenir son DNSEP à l’ESA Pyrénées Tarbes avec les Félicitations du jury.
Texte de Magali Gentet